Éric
Né le 3 janvier 1964 à Paris
ÉLÈVE
Aussi loin que remontent ses souvenirs, Éric Vu-An a toujours voulu danser. Dès l’âge de 5 ans, il pousse la porte de l’atelier rue de Tournon à Paris et prend son premier cours de danse auprès de Mme Edith George. En 1974 il se présente au concours de l’École de danse de l’Opéra de Paris. Il auditionne seul, sans professeur, avec pour unique conviction sa passion dévorante pour la danse. Il a encore tout à apprendre mais Claude Bessy, directrice de l’école de danse de l’Opéra, décèle déjà chez ce garçon aux proportions exceptionnelles un immense potentiel. Une fois de plus, elle voit juste. Éric Vu-An réalise en quelques années des progrès fulgurants qui le distinguent des autres élèves. S’il ne la recherche pas, cette différence est inscrite en lui, au-delà des qualités qu’il possède. Sa sensibilité aiguë, son tempérament bouillonnant et son métissage en font nécessairement un danseur à part. En 1979, une dispense d’âge du ministère du Travail lui ouvre les portes du corps de ballet de l’Opéra de Paris. Éric Vu-An devient danseur professionnel. Il a quinze ans.
Après l’école de Danse, il suivra les cours de différents professeurs : Rita Thalia, Yves Brieux, Robert Bertonso, Jacqueline Finaert…
DANSEUR
Rapidement, on le remarque pour son interprétation puissante et sensible des grands rôles du répertoire classique (Don Quichotte, Giselle, Le Lac des Cygnes, Le Corsaire, Roméo et Juliette…). D’autres œuvres de George Balanchine, Serge Lifar, Michel Fokine, Nijinsky, Jerome Robbins, John Neumeier, lui permettent d’exprimer toute la diversité de son talent et d’apporter des nuances à son jeu d’interprétation. Il aura durant sa carrière pour partenaires de grands artistes tels que Rudolph Nouréev, Noëlla Pontois, Sylvie Guillem, Élizabeth Maurin, Carla Fracci, Yvette Chauviré, Marie-Claude Pietragalla, Monique Loudières, Manuel Legris, Vladimir Vassiliev, Dominique Kalfouni, Alessandra Ferri, Zizi Jeanmaire, Heather Parisi…
Danseur hors pair qui s’exprime avec aisance dans tous les répertoires, Eric Vu-An est choisi par des chorégraphes contemporains qui veulent l’associer à leurs créations. Carolyn Carlson, Alvin Ailey, William Forsythe, Heinz Spoerli entre autres, créent pour lui des rôles majeurs, mais c’est surtout avec Maurice Béjart que l’expérience sera déterminante. Béjart veut promouvoir ce danseur hors normes et crée pour lui de nombreux rôles. Parmi ceux-ci Arépo marque un tournant décisif dans la vie et la carrière d’Éric Vu-An. En 1986, il triomphe dans le rôle de Méphisto que Béjart lui a taillé sur mesure. Le chorégraphe, venu saluer sous les acclamations, le nomme alors avec Manuel Legris, danseur étoile « avec l’accord de la direction ». Quelques minutes plus tard, Nouréev, seul maître à bord, dément. Une polémique inédite secoue le monde de la danse. Victime de la lutte que se livrent ces deux titans, Éric Vu-An perd la possibilité de devenir étoile à l’Opéra de Paris. L’institution se prive quant à elle de l’occasion (unique ?) d’avoir pour danseur étoile un artiste métis au talent rare. Dés lors la carrière de danseur d’Éric Vu-An devient celle d’un artiste indépendant. Il est invité dans plusieurs grandes compagnies et sillonne le monde entier pour participer à de prestigieux événements. Il reviendra en 1987 à Paris, non plus en tant que « sujet » — sa réputation de danseur étoile acquise sur les grandes scènes internationales et auprès des plus grands chorégraphes ne le permet plus — mais en tant que soliste invité.
ARTISTE MULTIPLE
Curieux de tout et par goût du défi, Éric Vu-An enrichit sa palette en s’ouvrant à d’autres disciplines. Il prend des risques et s’aventure là où on ne l’attend pas. Ses performances de comédien, notamment celle aux côtés de Didier Sandre dans Le Martyre de Saint Sébastien de Béjart sont vivement saluées. Homme de théâtre mais aussi chanteur qui travaille assidument sa voix, on le retrouve en duo avec Zizi Jeanmaire dans Valentine’s love songs de Roland Petit. Fatalement, la télévision finit par s’intéresser de près à cet artiste aux multiples talents et l’invite à animer de nombreuses émissions, séries et documentaires consacrés à la danse.
Les plateaux de tournage le réclament à leur tour. Parmi les films auxquels il participe, il tourne notamment avec Bernardo Bertolucci dans Un thé au Sahara. On peut le voir également dans Katia et Volodia de Dominique Lelouche ou encore dans Nijnski, la marionnette de Dieu de Philippe Vallois.
CHORÉGRAPHE
À plusieurs reprises, Éric Vu-An règlera des chorégraphies. L’expérience initiatique a lieu en 1989. Dans un spectacle monté par Maurizio Scaparro, il tient le rôle d’Antinoüs dans Les Mémoires d’Hadrien et crée lui-même ce solo de quinze minutes. D’autres chorégraphies suivront à un rythme rapproché. Histoire du soldat, Du rhum et du coton, La Marseillaise noire sous les flamboyants, Ivresses de Dionysios, Isoline… Dans le même temps, il fait preuve d’originalité et de rigueur dans sa manière d’adapter et de remonter les grands ballets du répertoire classique.
DIRECTEUR ARTISTIQUE
Autant de qualités qui finissent par convaincre plusieurs théâtres, festivals et compagnies de ballet de lui confier leur direction artistique. En 1995, il est nommé directeur artistique du Ballet du grand Théâtre de Bordeaux. En 1997, il dirige l’Opéra Théâtre d’Avignon. En 2005, il est associé à la direction du Ballet National de Marseille et depuis 2009, il est directeur artistique du Ballet Nice Méditerranée.